Histoire des juifs de Belgique
Moyen-Âge
La première preuve d'une présence juive sur le territoire actuel belge remonte au XIIIème siècle. En effet, une tombe datant de 1255-56 retrouvée à Tongres mentionne des écrits hébreux (Rebecca bat Moshe).
Accusées d'avoir introduit la peste noire (1348-50) en empoisonnant des fontaines et des puits, les petites communautés installées le long de l'axe Cologne-Londres ont été soit battues à mort par la population soit exécutées par les autorités de l'époque. Les tout derniers Juifs de Bruxelles, probablement des réfugiés expulsés de France, ont été accusés d'avoir profané l'Hostie et ont été brûlés en 1370.
Temps Modernes
Au XVIème siècle, une nouvelle ère commence pour les juifs sur le territoire de la future Belgique. Nombre de juifs réfugiés (notamment du Portugal) s'installent à Anvers, dont le futur duc de Naxos, Joseph Nasi et sa tante Lady Gracia Nasi. D'autres se sont réfugié dans l'Empire Ottoman ou ont trouvé refuge en Hollande.
Sous la domination autrichienne, depuis 1713, une poignée de juifs locaux ont pu professer le judaïsme plus ouvertement, après la promulgation par l'empereur Habsbourg Joseph II de l'Edit de Tolérance en 1781. En 1808, les quelque 1000 juifs «belges» ont été intégrés dans deux des consistoires créés par Napoléon.
Histoire dans la Belgique contemporaine
En 1831, un an après l'indépendance de la Belgique, la religion juive est reconnue et le Consistoire israélite de Belgique reconnu comme étant son organisation officielle auprès des autorités.
Au XIXe siècle, la diversité judéo-belge s'est accrue par l'arrivée d'immigrants d'Europe centrale et orientale. Ceux-ci arrivèrent jusque dans les années 1930. Beaucoup venaient d'Allemagne, fuyant le régime nazi.
La Seconde Guerre mondiale
Au début de la Seconde Guerre mondiale, plus de 80 000 juifs vivaient dans le royaume. Certains ont fui vers des pays plus sûrs mais, pendant les années d'horreur, 24,908 ont été rassemblés dans le camp de transit de Kazerne Dossin à Malines (SS-Sammellager Mecheln) et déportés à Auschwitz. Seulement 1123 ont survécu.
Cependant, un réseau de résistants a réussi à sauver de nombreux enfants, cachés sous une fausse identité. La Belgique compte plus de 2000 «Justes parmi les Nations» honorés à Yad Vashem à Jérusalem pour leur bravoure.
La communauté Juive aujourd'hui
Aujourd'hui, le nombre de juifs en Belgique est estimé à environ 40 000 âmes, principalement réparties entre Bruxelles et Anvers. Ces deux villes sont les principaux centres de la communauté juive belge. Des communautés sensiblement plus petites se trouvent à Arlon, Liège, Mons, Charleroi, Waterloo, Knokke, Ostende et Gand.
18 synagogues sont accréditées par la Consistoire et deux communautés réformistes existent. Il y a des dizaines d'oratoires religieux à Anvers et à Bruxelles.
Bruxelles a une population juive diversifiée, beaucoup plus laïque que la communauté juive d'Anvers. Néanmoins, Bruxelles étant la capitale de l'Europe, sa principale synagogue a été consacrée comme la Grande Synagogue d'Europe. Anvers possède l'une des plus grandes communautés ultra-orthodoxes du continent européen, avec une diversité de communautés hassidiques comme Belz, Ger, Bobov, Czortkow, Loubavitch, Vishnitz, Satmar et d'autres, toutes avec leurs propres maisons de prière, synagogues et parfois, écoles. La ville possède plusieurs restaurants casher, magasins d'alimentation et librairies juives.
L'organisation du Judaïsme en Belgique
Aujourd'hui, le judaïsme en Belgique est organisé autour de trois institutions principales. Deux ont un profil politique; une plus religieuse.
Le «Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique» (CCOJB) est l'organisation faîtière politique d'une quarantaine de groupes et organisations juives. Le CCOJB est affilié au Congrès juif européen et au Congrès juif mondial.
Le CCOJB
La mission du CCOJB comprend la lutte pour la défense, l'étude et le développement des valeurs juives en Belgique, la lutte contre l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie. Le maintien de la mémoire et de la Shoah et de la lutte contre toute tentative de banaliser ou de déformer la Shoah. Le CCOJB travaille pour la défense des droits moraux et économiques de la communauté juive en Belgique, de ses membres et de leurs successeurs légaux, victimes du nazisme et des conséquences de la Seconde Guerre mondiale, et pour le soutien de l'État d'Israël par tous les moyens appropriés, le centre spirituel du judaïsme et le foyer des communautés juives menacées. Le CCOJB lutte contre la désinformation, contre l’importance du conflit du Moyen-Orient en Belgique et contre les formes d’antisémitisme dirigées contre l’Etat juif, ce qui exclut toute critique légitime des politiques israéliennes.
Ses activités comprennent une communication permanente avec la presse, les représentants du gouvernement et les universitaires via des communiqués de presse, des réunions individuelles, des événements officiels et une solide stratégie de contentieux.
Les autres organisations
L’organisation «het Forum der Joodse Organisaties» est un organisme politique qui représente les Juifs d’Anvers et ses environs.
Le Consistoire, en tant qu'organisme religieux, est toujours une entité fédérale. Via le Consistoire, les communautés religieuses locales sont officiellement reconnues et leurs rabbins rémunérés en tant que fonctionnaires belges. Les enseignants de religion juive dans les écoles belges de tous niveaux sont également, par la voie consistoriale, payés par les ministères belges de l'éducation.
Il y a deux écoles juives à Bruxelles et sept à Anvers.
En bref
Les diverses sensibilités socio-religieuses qui traversent la communauté trouvent un débouché dans un certain nombre de médias juifs. Depuis plus de trois décennies, Radio Judaica, active à Bruxelles et membre du CCOJB, atteint de grandes parties du pays. Des publications juives en français, néerlandais, judéo-ladino et yiddish traitant d'agendas particuliers et sont produites par des organisations individuelles, tiennent la communauté et la société belge en général informées sur les différents aspects de l'âme juive.
La Belgique a son musée juif situé à Bruxelles avec une exposition permanente et temporaire.
Le Musée de Malines de la déportation et de la résistance juives a été reconstruit et rouvert en 2012 sous le nom de «Musée Kazerne Dossin».
À Bruxelles-Anderlecht, le «Mémorial du martyre juif en Belgique» a été érigé en 1970. Sur les murs du monument, on peut lire les noms gravés de tous les juifs locaux assassinés lors de la déportation.
Depuis 1948, plusieurs milliers de Juifs belges ont immigré en Israël, où ils ont créé leur propre organisation, l'Association des origines de Belgique en Israël. La Belgique et Israël entretiennent des relations diplomatiques complètes.
Grande Synagogue de Bruxelles, Grande Synagogue d'Europe
Synagogue de Liège
Musée de la Kazerne Dossin, Malines